Annonces du 6 au 14 juillet, messes du 14ème dimanche du Temps ordinaire.

N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie? (Marc), N’est-ce pas le fils du charpentier? N’est-ce pas Marie qui est sa mère? (Matthieu), N’est-ce pas le fils de Joseph? (Luc). N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, celui dont nous connaissons le père et la mère? (Jean).

Dans leurs styles différents les quatre évangiles nous partagent l’étonnement des compatriotes de Jésus réunis dans la synagogue de la bourgade de Nazareth, étonnement suscité par la « sagesse » et les miracles. Etonnement, compréhensible: ils ont vu Jésus vivre au milieu d’eux, sa vie d’enfant, d’adolescent, de jeune homme, d’apprenti auprès de son père car suivant la tradition les fils reprennent le métier de leur père, d’associé désormais. Il l’ont vu vivre en bon juif, pratiquant, assidu à la prière commune dans la synagogue. Certes ils ont été surpris de le voir partir sur les routes de Palestine pour proclamer, à la manière des prophètes, que le Royaume de Dieu est proche, ils avaient probablement tous oublié l’épisode du Temple où il avait déjà manifesté son indépendance et une forme de cette « sagesse » qui les trouble si profondément. Enfant précoce, HPI probable, on dirait aujourd’hui! Et au-delà de compétences qui sont le propre des scribes ou des prêtres, il y a cette autorité qui se dégage de sa parole et puis il y a les guérisons…

Il est de chez nous, fils de Marie et de Joseph, il est du clan avec ses cousins, ses cousines (laissons de côté les débats éternels sur les frères et sœurs de Jésus), alors pourquoi cette différence? On sent bien le trouble qu’il crée en revenant chez lui: cela va du « ils se prend pour qui? à « il ne va pas nous amener des ennuis » ou simplement « on ne comprend pas, on n’y comprend rien ». En fait il dérange leurs habitudes, leurs équilibres: un artisan a sa place dans la communauté et lui crée le trouble, c’est une intrusion, celle de Dieu dans leur routine, Jésus le Nazaréen devient un intrus, le Fils de Dieu est un intrus…Dieu est au final un intrus dans la synagogue là où on lit, médite, la Loi et les Prophètes!

Parce-que Dieu les dérange, parce que Dieu nous dérange dans nos habitudes…L’étranger nous dérange, parce que justement il est « étrange » comme Jésus est étrange aux yeux de sa communauté de Nazareth. Comme nous voudrions qu’il devienne comme nous, qu’il se fonde dans le moule, notre moule, qui est fondamentalement bon, puisque le nôtre.

Alors Jésus en tire une conclusion provisoire, il n’est pas le premier à vivre cette situation, les prophètes l’ont vécu. Il ne veut pas de conflit. Il part dans les villages voisins, qui eux n’auront pas les mêmes a priori et avant de les quitter, Jésus -sans rancune- guérit néanmoins quelques malades.

Prenons exemple sur lui: dans le contexte actuel où comme Jacques et Jean, les fils du tonnerre, nous aurions peut-être envie de voir surgir une foudre incendiaire, sachons être patients, ouverts et capables d’une parole, d’un geste de fraternité, même si c’est difficile…

Fraternellement

Christian Genre diacre ofs